Qu’est-ce qui attire tant de gens vers la pêche à l’aimant ?

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La pêche à l’aimant de notre jeunesse, comme le jeu « Pêche à la ligne » qui mettait en scène des cannes en plastique miniatures permettant d' »attraper » les poissons grâce à de minuscules aimants, vient de connaître une évolution majeure. Aujourd’hui, les amateurs de pêche à l’aimant utilisent des cordes et des aimants méga puissants pour retirer de leurs cours d’eau locaux des déchets, des armes à feu, des bicyclettes et même des objets de la guerre.

Il faut quand même noter que la pêche à l’aimant n’a pas toujours bonne presse. Parfois des gens se palignent que des pêcheurs à l’aimant laissent leurs déchets rouillés sur les chemins de promenade près des canaux. Les déchets qu’ils tirent des eaux tachent les trottoirs et constituent un danger pour les piétons. Pire encore, les pêcheurs à l’aimant récupèrent des grenades oubliées de la Seconde Guerre mondiale ; la police craint que la pêche à l’aimant n’explose littéralement.

Qu’est-ce que la pêche à l’aimant ?

Tout le monde peut se lancer dans la pêche à l’aimant. Tout ce dont vous avez besoin est un aimant puissant, une corde et un peu de patience. Il suffit de jeter la corde dans l’eau et de tirer sur ce que l’aimant attire.

La pêche à l’aimant n’est pas un passe-temps nouveau, mais sa popularité est montée en flèche depuis 2021 lorsque les amateurs ont commencé à partager les nouvelles de leurs chasses au trésor sur des plateformes comme YouTube.

Réglementation sur la pêche à l’aimant

Le 5 juin 2019, le ministère de l’Intérieur a envoyé une note aux préfets pour leur rappeler les lois qui régissent la prospection des cours d’eaux, à savoir l’Edit de Colbert et le Code du Patrimoine. La note précisait que cette activité sans autorisation de l’autorité administrative est considérée comme illégale même si elle est souvent présentée comme un acte bénévole. Les préfets ont été invités à informer les maires de ces lois. En conséquence, certaines préfectures ont fait un rappel à la législation en vigueur pour informer le public, tel que dans le département de la Vienne.

Pour pouvoir pratiquer la pêche à l’aimant, qui consiste à utiliser un aimant pour trouver des monuments ou des objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, il faut obtenir une autorisation préalable, selon l’article L542-1 du Code du patrimoine. Cette autorisation est accordée par le préfet, sur instruction de la DRAC. La demande doit préciser l’identité et les compétences de celui qui la fait, ainsi que la localisation, l’objectif scientifique et la durée des prospections.

Pour les armes et munitions, la pratique relève du champ de l’archéologie, selon la programmation nationale de la recherche archéologique.

De plus, il est nécessaire d’obtenir l’autorisation du propriétaire des lieux, que ce soit une mairie ou un particulier, pour accéder aux étangs, puits, mares, cours d’eau, lacs, rivières, fleuves et canaux.

Les autorités locales ont interdit la pêche en utilisant des explosifs dans tous les cours d’eau du département afin de protéger les services d’urgence et de déminage et de minimiser les risques encourus. Par exemple, le préfet de la Somme a promulgué un arrêté à cet effet en août 2019 et celui de Meurthe-et-Moselle à la fin d’octobre 2019.

Les infractions liées à la protection du patrimoine archéologique sont régies par le Code pénal et le Code du patrimoine. Le non-respect éventuel d’un arrêté préfectoral d’interdiction entraîne une contravention de 5e classe (article R 544-3). Une fouille clandestine est punie de 7 500 € d’amende (article L 544-1). La destruction, la dégradation ou la détérioration d’un objet archéologique est sanctionnée de 7 ans de prison et de 100 000 € d’amende (article 322-3-1). La vente ou l’achat d’un bien provenant d’une fouille clandestine est réprimée par 2 ans de prison et 4 500 € d’amende (article L 544-4).

Un aimant pour tous

Pour ceux qui recherchent le plein air et la distance sociale avec les autres, la pêche à l’aimant est devenue un passe-temps idéal.

Aujourd’hui, les aimants sont disponibles dans une gamme de forces et de formes spécialement conçues pour les amateurs de pêche à l’aimant de tous les niveaux et de tous les environnements. Les plus petits aimants tirent environ 180 kilogrammes, quant au plus gros, ils peuvent tirer plus de 90 kilogrammes.

Les aimants de pêche sont fabriqués à partir de néodyme, alors que les aimants classiques sont fabriqués à partir de ferrite. Le néodyme est un métal des terres rares mélangé à du bore et du fer. Lorsqu’il est magnétisé, il est beaucoup plus puissant pour sa taille que la ferrite.

Les aimants utilisés pour la pêche sont plus forts, plus légers et conçus pour éviter de rester coincés dans la boue et les mauvaises herbes, sans que cela ne coûte beaucoup d’argent aux amateurs.

L’une des raisons pour lesquelles toutes sortes de personnes se ruent vers la pêche à l’aimant est que celle-ci est très accessible. Les aimants ne coûtent pas très chers, il n’y a pas beaucoup de passe-temps dans lesquels vous pouvez vous lancer et obtenir un équipement haut de gamme pour quelques centaines d’euros.

Le pour et le contre de la pêche à l’aimant

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Bien que certaines localités ne soient pas enchantées par la pêche à l’aimant, les amateurs sont e plus en plus nombreux sur les bords des cours d’eau. Des groupes semi-organisés se réunissent pour pêcher et la débarrasser les cours d’eau des déchets métalliques tels que les trottinettes, les caddies, les vélos et tout ce qu’ils peuvent tirer avec leurs aimants.

Même les mauvais jours, lorsque le pêcheur ne remonte rien d’intéressant, il nettoie les cours d’eau, en faisant une véritable activité positive pour l’environnement.

Dans certaines localités, ce loisir est devenu une nuisance car les participants ont tendance à laisser leurs prises – du moins celles qui n’ont aucune valeur – sur les trottoirs et les voies piétonnes. Non seulement c’est une horreur et un danger pour les piétons, mais les déchets laissent aussi des taches de rouille dans leur sillage.

La pêche à l’aimant peut également constituer un problème de sécurité pour les forces de l’ordre. En France, où les objets résiduels de la Seconde Guerre mondiale sont fréquents, les pêcheurs à l’aimant ont trouvé des munitions réelles comme des grenades.

« Je traiterais toute arme à feu comme si elle était chargée », déclare Jérome P., capitaine de gendarmerie dans le Gers. « Même si elle a été immergée, il y a une possibilité que si elle était chargée, elle puisse encore exploser. Ou bien, si elle était chargée dans le canon et qu’elle était obstruée par de la boue, elle pourrait ne pas fonctionner. Si elle se déclenche, elle peut exploser et vous blesser ou blesser ceux qui vous entourent. »

Pour les pêcheurs magnétiques bien intentionnés qui tombent sur des objets comportant des informations permettant de les identifier, M. P. dit qu’ils doivent contacter la police ou la gendarmerie.

« Si vous trouvez un objet portant un numéro de série, qu’il s’agisse d’une arme à feu ou d’un équipement tel qu’une bicyclette, il serait bon d’appeler les forces de l’ordre de la région où vous l’avez trouvé », explique M. P. « De cette façon, ils peuvent vérifier que l’objet n’a pas été volé ou utilisé à des fins criminelles ».

Sécurité et pêche à l’aimant

Bien que la pêche à l’aimant soit un loisir familial, vous devez tout de même prendre quelques précautions de sécurité. Tout d’abord, n’attachez pas la corde et l’aimant à vous-même. Sinon, vous risquez d’être la prochaine chose à être repêchée au fond du lac.

Portez toujours un gilet de sauvetage et des gants résistant aux coupures. Et si vous décidez de pêcher à partir d’un bateau, choisissez-le judicieusement. Les canoës se renversent généralement facilement, il est donc préférable de ne pas les utiliser, surtout si vous devez vous pencher sur le côté pour soulever un objet lourd qui pourrait nuire à la stabilité.

Même si les restrictions de distanciation sociale du COVID-19 sont levées, la popularité de la pêche à l’aimant augmente. Il n’est pas rare de voir des tout petits, à partir de 3, 4 ans, avec leurs petits aimants, et aussi des personnes de plus de 80 ans s’adonnant au même loisir. Pour beaucoup de parents et d’enfants, c’est une activité qui permet de créer des liens, de sortir et de s’amuser, de profiter de la nature et du plein air, et peut-être aussi de faire un peu d’exercice.